LA CONSTITUTION
VENGÉE DES INCULPATIONS
DES ENNEMI Sr:
D E
LA RÉVOLUTION.
Ôuvrage réimprimé fur l'invitation des
Patriotes habitués du Café National
de Bordeaux.
À BORDEAUX;
Chez A. Ievieux, Imprimeur de la Gard*
Nationale Sordelaife, Hôtel de Tlntendancç»
UBRARY
Kà&r.
'DISCOURS
PATRIOTIQUE,
Par M. CERCEAU, Curé de la
Paroifle de Congis, Maire de la Muni-
cipalité de ce lieu.
PRONONCÉ
Devant fes Paroiffiens , à Voccafion de ta
p réflation du Serment Civique .
E moment en eft venu; & puifqu’une Ceremonie
augufte nous raflemble dans ce Temple, fous les
auipices de la Religion & de la Liberté, je vais tâcher
aujourd’hui , comme Miniftre de lune & de l’autre,
de porter vos cœurs vers une union fi généralement
defirée ; & , pour le faire avec quelque fuccès, je
me bornerai a détruire les principaux prétextes dont
le fervent les ennemis du bien public pour vous
égârer. Ils favent que vous êtes attachés à une Re-
ligion qui a Dieu pour Auteur, & ils vous difent
que la Conftitution nouvelle lui porte de crimi-
nelles atteintes ; jls favent que vous êtes attachés
à votre Roi, & ils vous difent que la nouvelle
Conftitution en avilit la dignité; odieufes imputa-
tions dont vous allez comprendre toute la fa u (Te té*
D abord je prétends quela nouvelle Conftitution ,
bien loin de porter atteinte à la Religion, a em- '
prunte d’elle tous les principes.
La Religion Chrétienne, Mefiîeurj, établit en-
trë tous les hoffimts une parfaifé égalité; tous en3
fans d’un même pere leur origine eft commune; fujets
aux mêmes foibîefîes , Us tendent tous , dans l’ordre
de la nàtUre , au même terme, qui eft la mort ;
dans l’ordre de la grâce , une célefte Patrie les at-
tend tous fans autre diftinéiion que celle qui naît
de leurs mérités & de leurs vettüs. Le Juif & le
Gentil font égaux aux yeux de l’Auteur de notre
Religion fainte ; fie la femme affligée d’une perte
de fang, 8c quidefire toucher fes vêtemens facrés,
reçoit de lui fa guérifon auflî bien que la fille d’un
Roi. L’égalité de chaque individu eft donc un prin-
cipe fondamental de la Religion.
Mais, Meilleurs, fî ce font là les principes de
notre Religion fairite , comme on n’en peut pas dou-
ter , dites-moi., je vous prie, où trouvez-vous que
la nouvelle Conftitution Françaife en enfeigne
d’autres ? Elle ne fait que donner fa fan&ion à ceux-
ci, dans fa Déclaration des Droits de l’Homme, re-
connus* & rriéprifés depuis fi long-temps. L’hommé
y eft regardé libre 8c égal à fes freres , leurs droits
refpé&ifs font îéS mêmes, fie la Loi voit d’un œil
indifférent fie les intérêts du rufti'qüe Colon qui
habité fous lé thaume, & ceux du Potentat, que!
reedent de magnifiques toits , 8c que la pourpre dé-
core. L’origine des hommes étant commune , comme
îe démontré la Religion 8c la raifon , la Conftitu-
tion , fuivâdt la trace de l’une fi: de l’autre, a fait
difparoître ces diftinciions humiliantes de Noble &
de Roturier, 8c elle a voulu , àinfi que la Religion,
que lès dignités , les préférences , les honneurs ,
furent le prix du travail, des talens , du mérite
8c de la vertu.-
Ennemis dû bieh public, votre impofture eft vi-
fîble : vous vous taifez à ce parallèle ; vous — Mais
bqii 2 Meilleurs, je les entends encore murmurer de
nouveaux blafpMme*; ils nous prefentcnt aufli avec
une fatisiaâion maligne , la tolérance dans les dé-
férences du culte. Mais le divin Auteur de notre
Religion ne communiquoit-il pas avec les Pec teurs ,
avec le Juif & le Samaritain » D’ailleurs eft-ce par
une force coercitive que Ton peut amener QS
hommes à croire tel ou tel dogme ? C eit par la
feule perfuafion & le bon exemple. Le rapproche-
ment des perfonnes les menne infenfib.ement ,
par degrés , au même culte ; & ne voyez - vous
pas dans ce même moment , un de vos treres égarés
(i) dans le même Temple , jurer devant le meme
Autel , la fidélité à la Conftitution ; ce feroit , &
je ne crains pas de le dire, être etranger a efprit
de douceur de notre Religion , que de croire qu el e
eft affez inhumaine pour prétendre priver desavan-
tages de la fôciété des individus qui la fervent par
leur induftrle , leurs talens dont fouvent les
moeurs foht la critique des nôtres.
J’ai jufqu’ici, Meflieurs, vengé la Conftitution
des attentats qu’onlui prête contre la Religion ; il me
refte a&uellement à la venger encore de ceux qu on
lui prête pareillement contre la Majefté du Trône.
Si, parla Majefté du Trône, vous entendez.,
Meflieurs, une autorité fans bornes ou arbitraire ,
une puiflfance abfolue fur la vie , fur la liberté ,
fur les fortunes des Citovens , cevafte patrimoine-
des abus dont ont joui fi long temps nos Rois , ou
plutôt , que ce font partagé entr’eux , fous leur au-
gufte nom, une foule d’hommes ambitieux , avides
& dépradateurs : j'avoue hautement que îa Confti-
tution nouvelle détruit & anéantit cette Majefte
du Trôné: mais fi , par Majefté du Trône , vous
(i) Un Cultivateur de la Religion, prétendue reformée ,
& çhojfi pour Notoble ça U Municipalité de Congis.
O
entendez , comme vous deve7 lo foî-«
ftnce fuffifante pour faire exécuter le<f T P ü f “
léger le foible comme le fort animer e r °‘ X ’ Pr °'
air.cre , Meilleurs , jetiez feulement un couD-d’œil
■ ai ^ ance » en déconcertant toutes les intri-
u ; .p v;,t sr a
La Conftjtution fui accorde /e Veto fufpenÜf ' :
Prerog.uve qu , a alarmé C£ux quj ne p^e"
de diftinéîtons entre les premiers élans de la liberté
& les premiers excès de la licence. Par ce Veto
!^!® e , UrS ’ ,e Ro ' P, euc fufpendre l’effet de tous les
riîn J P 0u y 0lr Jégiflatif , jufqua ce que la Na!
non ait confirme le vceu de la légiflature précé
oante par de nouveaux Repréfentans. P
r,on^ C ° n ^ tUtl r 0n re 8 ârde le Roi c omme chef du
p u voir executif, comme chef de l’Armée , comme
que cTfoit un° Ute - A<Jminiftration 5 e»e veut enfin
*}„? , lî un P° Int 'nvariable & conftitutionel
qU ' !a p£rfonne du facrée & au-deffus des
*
7
atteintes de tout pouvoir. Or, Je vous demande,
Meilleurs , fi tant de belles , tant de fublimes pré-
rogatives amailees & entailees autour du Trône
en avilirent la Majeflé? Et voilà comme des im-
poflures , parées du voile de la vérité , & qui peut-
être vous auroient féduits , tombent d’elles-mêmes,
& ne peuvent foutenir la confrontation avec cette
même vérité dont elle afi'eélent d’emprunter le lan-
gage.
La Conftitution nouvelle ne porte donc aucune
atteinte à la Religion ; elle n’avilit donc paslama-
jedé du Trône; elle ne fait qu’écarter d’une main
fagement hardie , les abus qui environnent l’Autel ,
& qui afllégeoicnt le Monarque. Rien ne vous em-
pêche donc, Français , mes frères , de jurer fidé-
lité a une Conditution dont vous connoiflez la fa-
geiîe & dont vous commencez à goûter les précieux
avantages.
Que le jour de la prédation du Serment civi-
que foit aufll celui d’une alliance indifloluble entre
vous & votre Padeur. Par la Nature, la Religion
& la Loi , je fuis votre égal , votre frere : par la
Religion & la Loi, je fuis encore votre pere, puif-
que vos intérêts me font confiés fous ce double
rapport ; & je jure , dans le Temple de Dieu même,
de remplir , à votre égard , les devoirs que ce dou-
ble rapport m’impofe.
Et vous, Français, mes freres, de votre côté;
* vous allez jurer devant FÉternel que vous acceptez
la nouvelle Conditution dans tous fes points ; que
vous lui obéirez ; que vous remplirez exa&emenc
les principes de la Loi nouvelle, dont vous con-
noiffez déjà beaucoup d’articles ; que vous demeu-
rerez fideles à votre vertueux Monarque ; que vous
ne fouffrirez que l’on viole jamais la Conditution }
que yous la défendrez de tout votre pouvoir.
ê*
S
Tandis que je vais lire la formule du Serment
que nous avons prononcé , & auquel nous avons
foufcrit lors de notre Election , appliquez votre
main droite fur votre cœur i & iorfque j’aurai
cefle de lire , que celte même main s'élève vers la
Divinité, & la prenne à témoin de la fiocérité
avec laquelle chacun de vous aura prononce inté-
rieurement ce que je vais dire.
» Je jure d'être fidele à la Nation, ^ la Loi &
au Roi, & de maintenir .de tout mon pouvoir la
Conftitution nouvelle »
Apréfent vous êtes Français , & fongez qu’on
ne fe joue pas impunément de la Divinité.
Dieu puifîant & éternel , par qui régnent les
Rois, |>ar qui les Empires font gouvernés, •jsttez
du haut de votre trône un regard favorable fur ce
Peuple profterné devant vos Autch! Daignezluidoo*
ner la force néceflaire pour accomplir ce qu’il vientde
vous promettre 1 Continuez à répandre fur nos Re-
préfentans votre fagefîe infinie ! Ils fe font alfem-
blés fous l'égide de la Religion : pourriez-vous,
contre vos promeffes , les abandonner ? Changez
le cœur des Citoyens égarés qui s’oppofeut au
bien commun ! Soutenez norre augufte Monarque
dans fes glorieux & pénibles travaux ! Nous aHons
faire monter vers vous les accens de notre recon-
noiflaince , par le Canriqueque l’Eghfe vous adreiïe
dans ces jours joyeux & foîemnels, TE DEUM.
Signé Cerceau, Curé & Maire de Congis.